L'emblématique Ferhat Abbas, premier président du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne), le militant et penseur engagé est encore au centre d'un considérable travail de recherche et d'étude de la part de l'universitaire connue, en l'occurrence Leila Benammar Benmansour.
Ferhat Abbas, l'injustice, publié par Alger-Livres éditions est un ouvrage incontournable pour cerner davantage le personnage de feu Ferhat Abbas. Ce livre de plus de 330 pages a, d'après son auteur, l'humble ambition de contribuer à rétablir la vérité ... Réconcilier un peuple avec son passé, c'est déjà une manière de regarder autrement le présent et mieux envisager l'avenir. Toujours d'après l'auteur, le thème Ferhat Abbas est inépuisable, malgré les quelques ouvrages qui lui sont consacrés. L'homme fut grand, et son action politique, guidée par la noblesse de ses idéaux, n'a pas attendu le poids des ans pour être connu et reconnu par les siens et du reste du monde. Il mérite donc davantage de reconnaissance, lui, l'homme brimé et emprisonné aux lendemains de l'indépendance et bien sûr dénigré et accusé de mille maux.
Résumé :
Ferhat Abbas avait dit un jour : « La parole porte en elle des forces insondables. Sans liberté de parole, un peuple ne vit pas. »Leïla Benammar Benmansour revient dans Ferhat Abbas, l’injustice, qui vient de paraître à Alger Livres éditions, sur l’itinéraire du premier président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), décédé dans l’anonymat en décembre 1985 (il a été tout de même décoré par le président Chadli Bendjedid en 1984). L’auteure n’a pas caché sa volonté de « rétablir la vérité » sur la vie de cet homme politique, mis en prison après l’indépendance de l’Algérie en 1962.
« En mettant en prison le père de la nation et en falsifiant son combat, entachant l’honneur de l’homme, ceux qui ont pris la funeste décision, n’ont rien fait d’autre que faire de Ferhat Abbas un martyr. Parce que s’il est une chose qui est insupportable aux Algériens, c’est bien l’injustice, a-t-elle écrit.
Le passé de l’Algérie garde, selon elle, non seulement des zones d’ombre mais reste également, pour une grande part, méconnu des Algériens. « Ces derniers sont souvent en admiration devant les grands noms qui jalonnent l’histoire du monde et n’ont pas connaissance des grands hommes qui ont marqué l’histoire de leur propre pays. Et Ferhat Abbas fait justement partie de ceux dont la jeunesse algérienne d’aujourd’hui tirerait grand orgueil si elle avait connaissance de leur dévouement pour leur peuple », a-t-elle ajouté. D’après elle, la méconnaissance est entretenue par ceux qui, en 1962 « ont défini le nationalisme selon certains critères ». Leïla Benammar Benmansour s’est intéressée à l’accusation « Ferhat Abbas pro-français ». « Ce message est falsifié(...) C’est un message de la haine. L’objectif final était de cantonner définitivement l’homme dans l’oubli. Nous avons longtemps cherché le Ferhat Abbas pro-français, nous ne l’avons jamais rencontré », a-t-elle relevé. Les médias et l’école, d’après elle, ont été porteurs de ce message. Elle a rappelé que Ferhat Abbas a répondu à ses détracteurs dans ses deux livres, Le Jeune Algérien et L’Indépendance confisquée.