L'historien et diplomate français, Gabriel Hanotaux (1853 -1944), a publié
de nombreux articles concernant les sociétés islamiques, dont deux qui
parurent dans "Le Journal" parisien en 1900 et ont provoqué à
l'issue de leur traduction en arabe un tollé dans les milieux islamiques,
surtout en Egypte, à cause des opinions qui y sont exprimées au sujet de
l'islam et sa part relative à la décadence des musulmans, et particulièrement
de la comparaison qu'ils font entre l'Islam et le Christianisme selon laquelle
ils se permettent une série d'allégations, comme :
- Le christianisme est une religion divine, alors que l'islam est une
religion humaine.
- Que le christianisme, héritiers des idées aryennes et coupé de ses
racines "sémitiques", vise à élever l'homme spirituellement et
à le rapprocher de Dieu, alors que l'Islam alourdi par les aspects de la
pensée "sémitique", rabaisse l'homme jusqu'au niveau de
l'animalité. Dans ces articles, on lit également que les préceptes
de l'islam sont incapables de mener les musulmans vers le progrès
scientifique atteint par l'Occident chrétien parce qu'elle sont saturées
de l'idée de prédestination et des superstitions métaphysiques particulières
à l'esprit "sémitique". Hanotaux a présenté ces opinions comme
étant celles d'un écrivain français appelé Cumon, tout en affirmant
qu'elles sont partagées par la plupart des écrivains européens. L'imam,
Cheikh Mohammad Abdou, ayant pris connaissance de la traduction arabe de ces
deux articles et de l'entretien qui a eu lieu entre Hanotaux et un certain
dirigeant du journal égyptien, "al-Ahram", y a décelé beaucoup
d'erreurs et d'idées racistes très répandues à l'époque parmi les
Européens. Il a alors entrepris d'y répondre et de les réfuter, en
montrant que les versets coraniques ne cessent pas d'exhorter les musulmans
à rechercher le savoir et à s'enquérir de toute vérité, et que c'était
la grande renaissance scientifique et culturelles des sociétés islamiques,
entre les VIIe et XIIe siècles, qui avait contribué au développement
et à la naissance de l'éminente civilisation occidentale moderne.
Cela n'a été en fait qu'un résultat répondant à l'appel de ces versets
à adopter la réflexion scientifique et la notion du progrès humain.
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